CETA Bressan
Centre d'Etudes des Techniques Agricoles
« Semis de couvert sous maïs, Sortir du maïs avec un couvert en place »
Résumé article F. Thomas - TCS n°62 – mars/avril/mai 2011
Objectifs de l’article :
Réfléchir et progresser sur l’implantation de couverts pendant ou après la culture de maïs car :
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peu d’opportunité après maïs (grain),
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interculture de longue durée l’hiver avec 6 mois de sol nu durant lesquels le climat est particulièrement agressif pour le sol.
Il n’existe pas de solutions clés en main… Ouf ! Mais l’article fait l’inventaire des enjeux, des contraintes et réussites.
Les intérêts de sortir du maïs avec un couvert en place :
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capter une partie de la minéralisation automnale car le maïs arrive en fin de cycle + limiter les fuites N sur l’hiver suivant,
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amortir l’impact du tassement lors de la récolte, la porosité étant occupée par le chevelu racinaire du couvert qui garantit aussi une meilleure infiltration/évaporation de l’eau et donc une meilleure portance,
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obtenir un couvert déjà bien installé et bien développé à l’automne => retour sur investissement assuré, avec d’avantage d’activité biologique dans le sol et une valorisation possible en fourrage,
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gérer le salissement spontané en fin de culture.
Les difficultés et freins :
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concurrence vis-à-vis du maïs en début de végétation,
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l’été, un maïs dense et bien développé qui peut rendre difficile l’installation, voire la survie du couvert,
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le semis du couvert va exiger un passage supplémentaire avec des équipements spécifiques,
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peu de références sur le sujet, que ce soit sur le choix des espèces ou les modalités d’implantation !
SEMIS DU COUVERT APRES LA RECOLTE
Option la plus classique, espèces couramment utilisées :
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avoine, seigle, navette : bon piège N, faible coût et facilité d’implantation, non gélives
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fèverole : impact positif sur structure, fixation N, facilité de destruction tardive par roulage, bon précédent au maïs (pas de risque de faim N, ni de ralentissement au démarrage du maïs au printemps)
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choisir des hybrides plus hâtifs peut permettre d’améliorer l’installation du couvert
Points faibles :
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semis tardif donc conditions de semis aléatoires, développement souvent limité avant l’hiver.
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Risque de faim N à l’implantation à cause du broyage des cannes
SEMIS SIMULTANE : IMPLANTATION LORS DU SEMIS DU MAÏS
Attention : le maïs n’apprécie pas la compétition et surtout ne possède pas de capacité de rattrapage !
Choisir des plantes à installation lente (type légumineuses pérennes).
Les avantages :
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le couvert est implanté dans de bonnes conditions et a du temps pour se développer.
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Facilité de mise en œuvre
Les inconvénients :
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comment gérer le désherbage en post-levée (des résultats existent… station de recherche de la Fnams 49 – basamaïs + prowl)
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compétition sur les réserves hydriques en fin d’été
IMPLANTATION EN DECALE EN DEBUT DE CULTURE
Option la + étudiée et la + mise en avant, mais résultats observés très aléatoires.
Soigner l’implantation, un binage ou hersage peut aider (un passage d’eau aussi quand c’est possible)
Gestion du désherbage :
Attention aux rémanences possibles, d’où l’intérêt des traitements localisés sur la ligne de semis.
Des essais dans le Bas-Rhin montrent que l’implantation des couverts est fortement impactée par le désherbage
2 stratégies chimiques testées en 2011 sur mélange RGI / RGH / trèfle violet / navette :
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Calisto + Pampa + Dual
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Basamaïs + Pampa + Mikado
Calisto a fortement réduit la présence des trèfles et de la navette.
Si on pousse le raisonnement plus loin :
Le couvert localisé sur l’inter-rg peut être conservé sur 2 maïs successifs, en s’appuyant sur les techniques suivantes pour maintenir le rang « propre » :
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passage en strip-till pour dégager le rg et limiter la concurrence
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implantation d’une féverole sur le rg après maïs => « green-till » qui prépare le terrain pour le semis du maïs en n+1
IMPLANTATION EN FIN DE VEGETATION
Période la plus favorable mais obligation d’un matériel spécifique !
En septembre, c’est le meilleur moment pour réussir le semis du couvert : le maïs finit son cycle et laisse filtrer plus de lumière au sol, les nuits rallongent et sont plus fraîches et les pluies sont de retour.
Les américains testent le semis par avion ou hélico… Les argentins ont construit un semoir-enjambeur (à partir d’un automoteur pour localiser la ferti liquide, société PLA)
Enjambeur à reconvertir en semoir à couvert ?
QUE SEMER ?
Ray-Grass :
Couvert « historique »,
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valo fourrage dès l’automne + 1 coupe au printemps suivant,
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implantation assez facile, rustique, survit bien l’été
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MAIS : concurrence au démarrage, surtout si printemps froid et humide
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DONC : souvent abandonné dans cette technque
Navettes, Colza :
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Levée facile, mobilise bcq d’N
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Non gélives et facilité de destruction au printemps
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Mauvaise réputation en précédent maïs, mais est-ce bien fondé ?
Légumineuses, le choix le plus judicieux car excellent précédent maïs mais coût des semences élevé :
Trèfles nain, blanc ou violet donnent de bons résultats : levées et installations lentes, apprécient la protection par le maïs l’été.
Trèfles incarnat, d’Alexandrie sont moins adaptés.
Vesce velue : résultats variables suivant les secteurs
Mélanges :
L’association de différentes espèces est le meilleur moyen d’améliorer la production de biomasse, tout en sécurisant le couvert quelque soit les conditions météo, les rémanences phytos et les attaques de ravageurs.
Des idées à creuser, trouver un couvert qui s’estompe sous le maïs et repart ensuite :
Pour cela, il faut trouver des plantes dont le cycle est décalé de celui du maïs et des légumineuses pour éviter la concurrence azotée.
L’idée serait que le couvert finisse son cycle et arrive à maturité vers mi-juin, juste avant que les besoins en N et eau du maïs deviennent important. Le couvert devrait laisser au sol une quantité importante de graines qui devraient germer pendant l’été/automne afin d’assurer une repousse spontanée d’un 2nd couvert à la sortie du maïs sans frais supplémentaire.
Des observations ont été faites dans ce sens avec du trèfle incarnat, de la lentille et de la phacélie.